Titre : Le prince des étoiles
(tome 1 du cycle de “la Geste des princes-démons”)
Auteur américain : Jack VANCE
Première édition en 1964
Catégorie : roman de science-fiction (space opera)
320 pages
Le prince des étoiles constitue le premier tome du cycle de “La Geste des Princes-Démons”. Le héros s’attelle au cours de ce cycle de cinq romans à venger la mort de ses parents, en traquant et tuant un à un les responsables.
Voici donc mon article pour ce premier tome, que j’ai trouvé distrayant et agréable à lire, sans qu’il intègre pour autant la grande littérature.
Kirth Gersen a vu sa famille se faire assassiner étant enfant. Son grand-père l’a depuis élevé dans un but unique : venger ses parents. “Tu les tueras tous, jusqu’au dernier” lui écrit-il dans une lettre qu’il lui lègue à sa mort.
Gersen a parfaitement accepté la mission que son grand-père lui a confiée, et se sent prêt à vouer sa vie à cela. Il a pour cela établi une liste de cinq personnes, cinq cibles à trouver dans ce vaste univers, et à assassiner.
Le premier sur sa liste est Attel Malagate, dit “Le Monstre”. Le hasard l’amène droit sur son chemin, puisque Gersen se retrouve en possession d’une information qu’Attel Malagate recherche : les coordonnées d’une planète idyllique, cachée au beau milieu du vide de l’univers. Gersen dispose donc d’un appât pour attirer sa victime.
Persuadé qu’Attel Malagate se cache sous l’identité d’un respectable gestionnaire de fond de recherche spatiale, Gersen parvient à réduire la liste des suspects à trois noms. Ils les rencontrent tous les trois, en prétextant son intention de leur vendre les coordonnées de cette planète idyllique. L’appât fonctionne, et les trois hommes acceptent de monter à bord du vaisseau spatial de Gersen à destination de cette fameuse planète. Voici donc Gersen embarqué dans un curieux voyage, avec à son bord trois suspects, dont l’un ne peut être que le redoutable Attel Malagate Le Monstre, qu’il s’est juré de tuer.
Ce roman est assez distrayant, car Jack Vance nous sert un grand nombre de péripéties, qui mettent en scène Gersen dans des situations permanentes de danger. Le récit est donc dynamique, bannissant tout ennui possible, d’autant qu’il s’étend sur peu de pages (320).
Les péripéties en question ne sont toutefois pas d’un très grand niveau, et j’insiste donc sur le terme “distrayant”. Il y a en effet un côté chasse aux trésors, avec un enchaînement de petits défis à résoudre, pour réussir à atteindre en bout de chaîne le dangereux Attel Malagate.
Jack Vance ne donne par ailleurs pas assez de corps à son héros, Kirth Gersen. Il le dote de ce passé horrible (sa famille décimée, son grand-père qui l’élève pour en faire un tueur), mais sans vraiment montrer l’impact d’un tel parcours sur sa personnalité. Au cours du roman Gersen avoue lui-même avoir fait sienne la mission confiée par son grand-père sans jamais l’avoir remise en question. Un peu curieux pour un objectif aussi caricatural (“les tuer tous jusqu’au dernier”). C’en est même dérangeant : on a peine à savoir si l’auteur trouve légitime cette soif de vengeance.
Ce côté caricatural se retrouve aussi dans les divers personnages que Gersen rencontre : on a des gentils et des méchants bien identifiés. Côté méchants, je ne peux m’empêcher de vous faire lire le portrait qui est fait de l’homme de main d’Attel Malagate, l’horrible Hildemar Dasce, qui m’a bien fait rire :
“Dasce mesurait environ un mètre quatre-vingts. Son torse taillé en forme de tube possédait le même diamètre des épaules au bassin. Ses bras, longs et minces, s’achevaient par de grands poignets noueux et des mains gigantesques. Sa tête ronde, tout aussi imposante, était surmontée d’une crête de cheveux rouges ; son menton semblait comme prendre appui sur ses clavicules. Dasce s’était teint le visage et le cou en rouge vif, à l’exception des joues – deux boules pareilles à des oranges pourries. A un certain moment de sa carrière, son nez avait été coupé pour former un double bec cartilagineux, ses paupières sectionnées et retirées ; pour humecter ses prunelles, il était équipé de deux petits tubes connectés à un réservoir contenant un fluide spécial, qui déversaient à intervalles réguliers un nuage laiteux sur ses cornées. Au-dessus des prunelles trônait une paire de volets, présentement relevés, qui pouvaient s’abaisser pour protéger ses yeux de la lumière. Les yeux bleus peints dessus reproduisaient fidèlement ceux du sinistre personnage”.
Notons au passage que cet extrait illustre assez bien la manière dont Jack Vance écrit. Il nous projette un imaginaire qui correspond davantage à une littérature pour enfants que pour adultes. Le physique de Dasce est tellement improbable qu’il effraie peu (je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais pour ma part je ris quand je lis une telle description !). J’ai besoin de réalisme pour plonger dans un roman ; un simple costume ne suffit pas.
Jack Vance dessine ses gentils de la même manière, dans la caricature. Je pense notamment à la demoiselle qu’il séduit : une belle secrétaire en détresse qu’il devra sauver des vilaines pattes de Dasce.
Tout cela n’est cependant pas désagréable à lire, cela fait simplement un peu sourire.
Beaucoup plus gênant par contre, le paratexte : Jack Vance fait partie de ces auteurs qui adorent nous mettre en début de chapitre un extrait d’encyclopédie ou d’interview, censé nous aider ensuite dans notre lecture. Dans certains chapitres cela s’étend sur plusieurs pages, et ne sert à mon avis pas à grand chose, si ce n’est à nous présenter la planète sur laquelle Gersen va atterrir. A travers cela Jack Vance veut probablement asseoir davantage son univers, montrer qu’il a une cohérence, une richesse qui dépasse la simple histoire qu’il nous présente. Mais j’ai toujours trouvé qu’un bon romancier n’avait pas besoin de cela pour crédibiliser son univers.
Je terminerai par contre en soulignant une réussite : je trouve que Jack Vance parvient à créer des atmosphères de qualité dans certains contextes. Il y a notamment deux passages qui m’ont bien plu : les premières scènes, dans une auberge, où Jack Vance fait défiler devant nous les principaux protagonistes de ce roman, en nous plongeant dans une certaine tension, car on présume que ça risque de se terminer mal, mais sans savoir par où ça va arriver. Et j’ai bien aimé l’atmosphère des séries de scènes qui se passent à bord du vaisseau spatial, avec les trois suspects. On sait que l’un d’entre eux est probablement Attel Malagate, mais lequel ? La tension est maintenue jusqu’au bout, nous faisant même demander à nous lecteur, si cela ne pourrait pas dans le fond être aucun des trois.
Le Prince des étoiles prête donc à maintes critiques. Assez mal écrit, il tombe souvent dans la caricature. Mais Jack Vance parvient néanmoins à nous distraire, et à créer une tension intéressante dans certaines pages. Tout cela dans un bouquin qui se lit avec une grande facilité.
C'est une chronique qui donne envie de se plonger dans cet univers qui semble être une invitation à une aventure spatiale distrayante. Vas-tu lire la suite ?
RépondreSupprimerOui c'est au programme. Ma copine m'a offert l'intégrale, alors je ne vais pas me dérober ^^.
SupprimerDes réactions que j'ai eues sur Facebook (plus nombreuses que sur le blog ^^), j'en retiens que cela s'améliore grandement en qualité au fur et à mesure des tomes. J'ai donc bon espoir que cela soit encore plus distrayant, et que les personnages soient plus approfondis.
Je lirai le prochain tome d'ici 2 mois peut-être.
Pour info, FB me bloque encore. Si d'ici une semaine je n'ai pas réussi à régulariser ma situation, je recréerai sans doute un compte.
A bientôt