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mercredi 8 mars 2017

Lud-en-Brume..........un conte de Hope Mirrlees

Titre : Lud-en-Brume
Auteure britannique : Hope Mirrlees
Première édition en 1926
Catégorie : conte de fantasy
353 pages

Photo du livre

Voilà 200 ans qu’il est interdit à Lud-en-Brume de manger des fruits féeriques, soit depuis la fin du régime des Ducs. Et c’est heureux ! Car avant que le dernier duc soit destitué, la consommation de fruits féeriques allait de pair avec le désordre et les rêveries inutiles. Ces fruits étaient amenés chaque année par des êtres malveillants venant d’au-delà des Monts Contestés, soit en provenance du dangereux pays de la Faërie. Mais aujourd’hui Lud-en-Brume a banni tout lien avec la Faërie et n’obéit plus qu’à la Loi, qui permet à toute la société de fonctionner sous l’empire de la raison.

De manière clandestine il est certes encore possible de se procurer des fruits féeriques. Il faut néanmoins être fou pour en croquer ne serait-ce qu’une bouchée : les malheureux qui s’y essayent perdent immédiatement la raison.

Le Maire actuel, Nathaniel Chantecler, estime donc vivre dans un régime idéal, où les maux de la Faërie sont devenus suffisamment résiduels pour pouvoir être ignorés.

Sa tranquillité est toutefois mise en péril, lorsqu’il apprend que son fils a probablement mangé un fruit féérique. Et bientôt, ce sont toutes les filles de bonne famille qui semblent perdre la raison, après en avoir elles-aussi mangés. Pire, elles s’enfuient soudainement de Lud-en-Brume sans que l’on puisse les rattraper, et traversent les Monts Contestés pour se rendre dans la Faërie. Leur mort ne fait alors de doute pour personne.

Avec cette affaire, le discrédit tombe sur Nathaniel Chantecler, accusé d’avoir laissé cette débauche se produire dans Lud-en-Brume. L’homme mène alors sa propre enquête, tant pour sauver son honneur, que sa famille et sa chère ville de Lud-en-Brume.

J’ai découvert et acquis Lud-en-Brume à l’occasion d’une soirée consacrée aux petits éditeurs bénévoles, organisée par la bibliothèque Rilke à Paris. Étaient ainsi présentes les éditions Callidor, qui ont pu nous parler de leur collection “L’Age d’Or” : avec cette collection, Callidor souhaite publier des textes aujourd’hui oubliés, alors qu’ils ont marqué la fantasy au point qu’on retrouve encore leur influence sur des textes contemporains. Lud-en-Brume, publié plus de 10 ans avant Le Hobbit, est justement considéré comme tel et intègre ainsi cette collection.

Lud-en-Brume se présente comme un conte : tout en nous distrayant, le texte contient clairement une morale. Dans la préface, Neil Gaiman évoque l’image d’une “réconciliation” “entre l’ordinaire et le miraculeux”. Je préférerais quant à moi parler de réconciliation entre le rationnel (la Loi) et l’imaginaire (la Faërie). La société qui nous est présentée au début, assez similaire à la nôtre, est sans doute considérée par l’auteure, Hope Mirrlees, comme trop rigide. Pour mieux la critiquer, elle nous la tourne en ridicule. En témoigne notamment une scène, dans laquelle le conseil de Lud-en-Brume se trouve dans une impasse : il souhaite destituer Nathaniel de son statut de maire, or la Loi prévoit que seule la mort peut mettre fin à ses fonctions. Loin de se laisser abattre, le conseil trouve la parade en démontrant juridiquement que Nathaniel est mort.

Pour ceux que cela inquiéterait, je vous rassure : la destitution de Nathaniel n’est pas un spoiler qui viendra gâcher votre lecture. Et cela révèle peut-être justement un problème de ce texte : passée la découverte initiale de l’univers de Lud-en-Brume, on est très peu surpris. L’enquête menée par Nathaniel se révèle peu surprenante, car en tant que lecteur on connaît les éléments de vérité plus ou moins depuis le début. Je ne pense pas que ce soit un loupé de Hope Mirrlees : elle n’a pas voulu construire une intrigue à suspens. Toute son écriture est avant tout mise au service de la morale de son conte. L’enquête de Nathaniel se présente donc comme une succession de petites découvertes qui permettent à Nathaniel de s’éveiller intellectuellement, mais aussi de se sortir de l’ordinaire : alors qu’au début de l’histoire il est un maire assez banal et inintéressant, il va peu à peu gagner en originalité et en ouverture d’esprit, nous illustrant cette fameuse réconciliation avec le miraculeux évoquée plus haut.

Le respect des codes du conte m’a également gêné sur le plan des personnages : leurs agissements et réflexions sont souvent assez caricaturaux, et rappellent un peu trop le langage des contes pour enfants. J’aurais ainsi préféré lire un roman, plus qu’un conte, mais il s’agit là d’une question de goûts.

mon impression

Lud-en-Brume est un beau conte, qui méritait en effet amplement de ne pas rester aux oubliettes. Du point de vue de l’histoire de la fantasy, savoir qu’un tel texte a été publié en 1926 est intéressant. Qui plus est, on ne peut qu’en approuver la morale : notre monde a besoin de rester imprégné d’imaginaire !

Il ne s’agit cependant pas d’une histoire prenante : l’intrigue a peu d’intérêt et semble servir uniquement la morale. J’ai par ailleurs été déçu que l’imaginaire ne soit pas poussé plus loin : on nous parle au début du monde de la Faërie, censé se trouver au-delà des Monts Contestés, mais je préfère vous prévenir immédiatement : vous n’en verrez pas grand chose. Car cette Faërie est avant tout une image, qui pourrait ainsi n’avoir aucune localisation géographique, si ce n’est dans les tréfonds de notre cervelle.


Roman disponible aux éditions Callidor

2 commentaires:

  1. Je l'ai dans ma wish-list. Justement pour ce conte qui ne doit pas être oublié!
    Vive l'imaginaire.

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  2. Oui ! Vive l'imaginaire. Quel slogan ^^

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