Titre : Poisson-pilote
Auteur français : Patrice Duvic
Première édition en 1979
Catégorie : roman de science-fiction (voyage dans le temps)
218 pages
Au-dessus d’une ville portuaire flotte une grande sphère qui permet de remonter le temps. Grâce à elle on explore le passé, sans toutefois pouvoir intervenir dessus : une fois partis les voyageurs temporels sont des sortes de fantômes, ni palpables, ni visibles. Ils ont parcouru tant et plus notre Histoire, à l’exception de quelques lieux et époques qui résistent aux intrusions, comme si une barrière spatio-temporelle en bloquait l’accès. Ces zones d’ombre coïncident parfaitement avec des scènes et miracles religieux, ne permettant donc pas de vérifier leur véracité.
Cela rend malade La Tortue, l’un des dirigeants de la Sphère, qui en vient à se questionner sur l’existence des dieux, lui qui était pourtant un ferme athée. Encore plus perplexe, Hador, “le Grand Prophète des Messagers des Dieux”, qui a créé une secte d’ampleur mondiale. Lui-même avoue n’être qu’un charlatan qui a réussi. Pourtant lui aussi s’interroge.
Leur trouble gagne en intensité avec cette nouvelle actualité : les membres de la secte ont fait une tentative d’assassinat, sans que Hador le leur ait demandé. C’est à croire que les dieux s’adressent directement à eux pour leur donner des ordres. Hador est dépassé par les événements.
Plus étrange encore, la tentative d’assassinat visait un homme tout à fait quelconque : Lainie Hook. Pourquoi voudrait-on l’éliminer ? La Tortue enquête, et découvre que le passé de cet homme est lui aussi soumis aux zones d’ombre spatio-temporelles. Tout cela laisse à penser que Lainie Hook est dangereux pour les dieux. Quelle est exactement sa destiné ? Que veut-on l’empêcher d’accomplir ?
Dans son coin, Heursk , dernier rescapé des premiers voyages temporels, tente d’influencer l’avenir. Il a compris que Lainie Hook et La Tortue avaient un rôle clé dans le destin de l’humanité, et il compte bien les aider à faire les bons choix.
Cet aperçu de l’histoire vous laisse peut-être penser qu’il s’agit d’un roman à suspens qui nous dévoile tout un tas de mystères dans les dernières pages. En fait il n’en est rien. Et c’est bien là que réside l’une des plus grosses faiblesses de ce roman : il crée au début une attente, sans donner par la suite des réponses satisfaisantes.
Je n’ai pas tout compris à ce roman, et ne me suis pas forcé pour corriger cela. Je l’ai lu de façon très entrecoupée et sans engouement ; il est donc possible que certains éléments m’aient échappé. Mes inatentions ne sont toutefois pas seules en cause : l’auteur a une écriture qui se veut imagée, chargée de messages obscurs à décoder. Le nom même de ce roman reste incompréhensible pour moi : le “poisson-pilote” sert ici à guider une race extraterrestre sur Terre, mais je n’ai absolument pas compris le rapport avec l’intrigue principale.
Sans doute faudrait-il que je fasse une relecture attentive de ce roman et que je l’analyse de façon très scolaire. Très peu pour moi : de mon point de vue un bon roman ne doit pas être ésotérique (voilà cependant un bon sujet de dissertation !).
Patrice Duvic nous sert également une réflexion qui n’est pas nouvelle : le monde vu comme une pièce de théâtre, avec certaines personnes qui y jouent un rôle clé. Une idée déjà rebattue tant et plus dans la littérature depuis plusieurs siècles.
J’enfonce enfin le clou en soulignant que l’écriture n’est pas très élégante, ce qui n’a en rien aidé ma lecture. Les personnages sont fades, nous empêchant de ressentir la moindre empathie.
C’est dommage car Patrice Duvic a tout de même de très bonnes idées : j’ai bien aimé qu’on puisse explorer le passé sans intervenir dessus ; j’ai adoré cette idée de zones d’ombres impossibles à explorer ; et beaucoup ri à l’idée que Hador (le chef de la secte) se demande si les dieux qu’il a inventés n’existent pas réellement. Patrice Duvic effleure également une idée qu’il aurait été intéressant de creuser : il souligne que la possibilité d’observer le passé sans être vu permet à un État d’avoir le contrôle policier absolu. Tout ce qui a été dit ou fait peut en effet être exploré par les voyageurs temporels, ce qui revient à pouvoir espionner n’importe qui n’importe quand.
Je tiens à lire régulièrement des romans SF antérieurs aux années 1990. Ils explorent un grand nombre d’idées de façon très stimulantes et parfois d’excellentes intrigues. Mais je suis souvent déçu par la qualité d’écriture. Depuis, la littérature SF s’est vraiment améliorée sur ce point et c’est une bonne chose !
Poisson Pilote fait justement partie de ces romans mal écrits. Les quelques bonnes idées de Patrice Duvic ne suffisent pas à sauver ce texte, que j’ai trouvé rude et ennuyeux.
Je vous conseille donc de l’éviter.
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