Titre : La Maison du Cygne
Auteurs français : Yves & Ada Remy
Première édition en 1978
Catégorie : roman de science-fiction
233 pages
En plein désert de Mauritanie, 25 enfants sont élevés dans un château, bien loin des regards indiscrets. 25 enfants dont les traits et la couleur de peau semblent indiquer qu’ils viennent des quatre coins du monde.
Le “Castel”, comme ils dénomment ainsi leur château, se révèle être un véritable cocon pour ces enfants qui grandissent dans le bonheur, sous la tutelle de leur maître.
Mais ce bonheur ne sera pas éternel. Les enseignements qu’ils reçoivent doivent les préparer à combattre un jour la constellation de l’Aigle, opposée à la leur, celle du Cygne. Toute leur vie obéit à ce plan, et ils n’ont pas d’autre choix que de s’y soumettre.
Et c’est pourquoi leur maître, sous les ordres de la maison du Cygne, cherche à développer chez ces enfants des facultés psioniques, qui leur permettront une fois adulte d’être télépathes, précogs, et ultra-intuitifs.
Mais sans attendre l’âge adulte, leur bonheur est déjà troublé. A la fois par des attaques régulières de la maison de l’Aigle, qui amènent certains enfants à mourir, mais aussi du fait de rêves étranges : ces enfants voient dans leurs songes la vie d’alter-egos, répartis sur toute la planète, sans savoir s’ils existent réellement, ou s’ils ne sont que le fruit de leur imagination. Passy rêve ainsi de François, qui vit en France à Chablis.
Et vient un jour où Passy est amené à quitter son cher Castel, pour aller affronter la réalité du monde, et les représentants de la constellation de l’Aigle.
Édité initialement dans la collection Ailleurs et Demain en 1978, La Maison du Cygne a reçu l’année d’après le prestigieux Grand Prix de l’Imaginaire. Il n’avait été réédité qu’une seule fois depuis, en 1986 chez Pocket, et il a donc fallu attendre 2018 pour que les éditions Dystopia le sortent de l’oubli dans lequel il risquait de sombrer.
Je n’ai pas été spécialement emballé par ce roman. Mais au vu de l’engouement qu’il a généré, je ne doute pas qu’il satisfera à nouveau bien des lecteurs. Je vous invite à ce titre à lire les critiques élogieuses recensées sur le site de Noosfere, ou encore celle de Nébal.
Mais puisqu’il est ici question de mon avis, et non de ceux des autres, voici en quelques lignes les raisons de cet avis mitigé :
Le roman se découpe en deux parties. La première correspond à l’éducation des enfants, et la seconde nous amène à suivre l’évolution de Passy, une fois parti du Castel.
La première partie, qui compose à peu près la moitié du roman, m’est apparue beaucoup trop longue. Le seul enseignement des enfants ne suffit pas à créer une tension narrative. Certes, certains enfants meurent sous les attaques de la maison de l’Aigle, mais cela ne dramatise pas le récit. Mes émotions auraient sans doute été bien plus fortes si je m’étais attaché aux personnages. Or comme ils sont 25, et qu’on ne suit aucun d’entre eux plus qu’un autre, on n’a pas le temps de les connaître. Le récit aurait à mon avis gagné à se concentrer davantage sur le personnage de Passy, qui devient le personnage principal de la seconde partie.
Cette première partie crée donc essentiellement de l’attente : on veut en savoir plus sur cet affrontement entre les deux constellations, et on veut découvrir quel sera le rôle exact de ces enfants, une fois hors du Castel. Leur maître développe chez eux des pouvoirs puissants, mais on a peine à les imaginer combattre un jour des adversaires, tant ils constituent une bande d’enfants adorables, et incapables de faire de mal à une mouche.
C’est donc avec toutes ces interrogations que nous débutons la deuxième partie du roman, lorsque Passy quitte le Castel. Et je dois dire que j’ai alors été déçu. Outre le fait que les scènes manquent à nouveau de tension (alors que cette fois, il est clair qu’on devrait en ressentir), elles ne récompensent pas l’attente du lecteur. Sans vous dévoiler le contenu de cette partie, je préfère vous prévenir qu’il n’y est pas réellement question d’un affrontement avec la Maison de l’Aigle. On assiste plutôt à une poursuite de l’apprentissage de Passy, même s’il se fait de façon plus autonome. L’affrontement avec la Maison de l’Aigle se joue à une autre échelle, qui dépasse le cadre de ce roman. N’attendez donc rien à ce niveau-là.
L’ensemble du roman porte donc sur l’apprentissage, et il vaut mieux l’avoir en tête pour apprécier sa lecture. Et s’il y a une morale à travers ces pages, elle porte à mon avis sur les travers de la planification de l’éducation : toute l’enfance de ces gamins a minutieusement été pensée par la Maison du Cygne, pour s’assurer qu’ils joueront bien leur rôle une fois adulte. Mais c’était sans compter le jeu du hasard, et le passage de l’adolescence, qui mettent en péril le plan.
Le roman termine toutefois en nous donnant un certain nombre de réponses, qui sont les bienvenues. Elles répondent à toutes nos interrogations, et ajoutent de la profondeur au texte. Il est toutefois dommage que ces éléments n’arrivent qu’à la fin.
Une grande part de mes frustrations aurait sans doute été supprimée, si cette même histoire avait été écrite sous la forme d’une novella. En compactant notamment la première partie, le texte pourrait tenir en 130 pages, lui donnant ainsi davantage de densité, et ne créant pas de vaines attentes.
Sans doute essaierai-je un jour les Les Soldats de la Mer, un fix up du couple Rémy généralement préféré à La Maison du Cygne. Le couple étant réputé plus à l’aise sur le format de la nouvelle, j’espère y trouver une plus grande satisfaction de lecture.
Chroniques de ce roman sur d’autres blogs :
Quoi de neuf sur ma pile ?,
Nevertwhere,
Noosfere, Nébal, Le Dragon Galactique.
Arf dommage ! Les soldats de la mer est très bon en effet, Le Mont 84 aussi mais dans une veine différente (bien que les deux livres se passent dans le même univers je crois).
RépondreSupprimerOui, il faut que je me penche sur ces deux bouquins !
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