Titre : Abandonati
Auteur britannique : Garry Kilworth
Première édition en 1988
Catégorie : roman de science-fiction (post-apocalyptique)
251 pages
Notre civilisation s’est écroulée ; il n’y a plus aucune forme d’autorité gouvernementale ; les habitants sont laissés à eux-mêmes, sans emplois, sans plus aucun service ou commerce à disposition. Que s’est-il exactement passé ? Une guerre nucléaire ? Une crise économique majeure ? Peu importe la cause, le résultat est le même : nos personnages évoluent dans une gigantesque nappe urbaine, au décor post-apocalyptique. Plus aucune fonction de cette cité n’est opérationnelle : la propriété n’existe plus ; n’importe qui peut ainsi entrer dans les immeubles à l’abandon ; le métro ne circule plus depuis longtemps ; les routes ne sont plus circulables, ce qui ne semble du reste pas très gênant puisqu’il ne subsiste plus aucun véhicule en état de marche, même s’il arrive parfois de croiser une balayeuse automatique folle qui erre encore dans la ville.
Cette cité ne s’est toutefois pas complètement vidée de ses habitants : tous clochards, ils vivent seuls ou en bandes. Loin de toute terre cultivable, ils sont contraints de manger des rats et quelques stocks de boîtes de conserve que l’on peut encore dénicher ici ou là. Certains sont mêmes devenus cannibales.
Guppy est l’un de ces délaissés. Le hasard l’amène à suivre deux autres types, Rupert et Trader, dans une marche qui doit les conduire jusqu’à l’aéroport. Car Rupert est persuadé que les riches ont fui dans l’espace. Ayant quelques vagues souvenirs de mécanique automobile, enseignée par son père durant son enfance, il pense pouvoir bricoler un vaisseau spatial, à base de pièces détachées qu’il espère trouver à l’aéroport.
Voilà donc nos trois compères qui progressent dans cette ville de tous les dangers.
Abandonati n’est pas très emballant, et donc largement décevant au regard de la qualité de Roche-nuée qui m’avait justement donné envie de lire d’autres romans de Garry Kilworth (Roche Nuée réédité récemment par la librairie Scylla. Cliquez ici pour lire la critique du Belial).
Roman terne car le décor de la cité laissée à l’abandon où s’affrontent des hommes revenus à l’état quasi-sauvage est devenu assez banal en science-fiction. On ne prend donc pas de plaisir à découvrir cette ville.
Roman peu stimulant du fait d’une intrigue quasi inexistante. Il est évident dès le début que Rupert ne sera jamais capable de construire un vaisseau spatial, et que l’objet de leur marche vers l’aéroport est vain. Leur manque de connaissance est illustré par une remarque de Trader : il paraîtrait, souligne-t-il, qu’il y a moins d'oxygène dans l’espace que sur Terre. Dès lors, comment Rupert compte-t-il leur permettre de respirer une fois là-haut ? Heureusement Guppy reste optimiste, et explique qu’à son avis le voyage sera rapide et qu’il suffira donc de retenir sa respiration.
Décor peu original, intrigue inexistante… Ne reste donc que les personnages pour sauver l’oeuvre. Malheureusement non, ils ne suffisent pas : ils constituent certes le meilleur de ce roman, mais nos trois compères manquent de corps. Il aurait fallu approfondir leur psychologie : on se sait pas grand chose des pensées de Rupert et Trader, et Guppy nous est présenté comme un légume, dont le cerveau a été détruit par l’alcool, il n’a donc rien d’intéressant à raconter. Certes, leur absence d’éducation et leur bataille au jour le jour pour survivre ne peuvent pas faire d’eux de grands intellectuels, mais Garry Kilworth aurait dû creuser leurs inquiétudes, leurs cauchemars, leurs envies ou encore leurs souvenirs d’enfance datant de cette époque où la société tenait encore debout.
Les trois hommes sont toutefois assez drôles, ce qui rend malgré tout la lecture passable. Ils sont notamment doués pour échafauder des théories invraisemblables : Guppy s’imagine que les riches ont fui à la campagne, Rupert que le gouvernement a fui dans l’espace, et Trader qu’il s’est réfugié sous terre. Seul Trader fait preuve de lucidité par moment, en expliquant à Guppy que les riches n’ont pas fui : il n’y en a tout simplement plus, car eux-aussi ont fini à la rue.
Un roman sans grand intérêt. Le décor est déjà bien connu des férus de science-fiction et l’intrigue est à peu près inexistante. Le ridicule des trois personnages permet vaguement de sauver les meubles, en permettant au lecteur de sourire par moment, mais cela reste insuffisant.
Vous pouvez donc exclure ce roman de vos listes de lecture sans le moindre doute.
Roman disponible uniquement en occasion
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