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samedi 16 février 2019

Flatland..........un conte philosophique d'Edwin Abbott Abbott

Titre : Flatland
Auteur anglais : Edwin Abbott Abbott
Première édition en 1884
Catégorie : texte de science-fiction à portée allégorique
160 pages

Photo du livre

Il nous est tous arrivé un jour d’imaginer que nous puissions ne pas voir une quatrième dimension, qui serait pourtant tout autour de nous. Ce rêve, Edwin Abbott Abbott nous propose de le vivre en nous transposant dans une réalité à deux dimensions, dans laquelle on suit le récit d’un carré qui découvre un jour l’existence d’une troisième dimension.

Comprenez bien qu’en parlant ici de deux, trois ou quatre dimensions, je ne parle pas de mondes parallèles. Il n’est en effet question que d’un seul monde, mais avec de multiples axes géométriques. Lorsque le carré découvre l’existence de la troisième dimension, c’est en fait tout un pan de son propre monde qu’il parvient enfin à comprendre.

Flatland se présente comme un conte. Le personnage principal, un carré, nous fait le récit de la folle aventure qu’il a vécue et qui a finalement couru à sa perte.

Il nous décrit tout d’abord la nature de son monde : un monde plat, donc à deux dimensions. Cette description est un régal à lire. Première chose à comprendre : dans Flatland, on ne voit que des lignes ou des points, rien d’autre. Et en effet, faîtes l’exercice mental de dessiner un cercle sur une feuille, puis d’imaginer que vous deveniez un point de cette feuille. En regardant le cercle, vous ne verriez pas une courbe, mais un simple segment. Et ceci est vrai pour n’importe quel polygone que vous verriez. Quant aux droites, si elles se présentent exactement face à vous, vous ne verriez qu’un point, et si elles se présentent de biais ou de côté, vous verriez un segment.

Edwin Abbott Abbott nous explique par ailleurs l’organisation sociale de sa société. En Flatland, plus on a de côtés, plus on est un polygone important. Inutile donc de vous dire que les simples droites n’ont pas une place importante dans cette société. Et accrochez-vous bien : il se trouve que les droites sont… les femmes ! Difficile de dire si Edwin Abbott Abbott s’est voulu dénonciateur des inégalités hommes-femmes, ou si au contraire il ne fait que projeter sa vision sexiste de la société. Il y a vraiment un ambiguïté sur le sujet ; et j’ai trouvé Abbott maladroit. Dans la préface de la seconde édition, il répond d’ailleurs aux accusations de sexisme, mais il n’est pas très convaincant.

Edwin Abbott Abbott nous explique aussi comment se déplacer en évitant de se heurter à un angle aigu ou à la pointe d’une droite (le risque de mort est élevé), comment s’organise l’intérieur des maisons (en forme de pentagones), comment les révoltes populaires ont été matées… Bref, je vous laisse découvrir tout cela. Edwin Abbott Abbott a créé un monde avec ses règles qui nous paraissent complètement loufoques, mais qui constituent un système cohérent. C’était vraiment un plaisir de lire cela ; et l’on rit beaucoup.

Notre personnage principal, un carré je vous le rappelle, nous explique avoir un jour rêvé de Lineland, un monde à une seule dimension. Le roi est un segment au centre d’une droite et ses sujets sont sur les côtés. Dans son rêve, le carré s’adresse au roi et lui explique le regarder depuis un espace à deux dimensions. Le roi refuse d’accorder du crédit à ses propos, ne parvenant tout simplement pas à conceptualiser l’existence d’une deuxième dimension.

Cette incapacité à penser une dimension supplémentaire, notre carré l’expérimente juste après son réveil, en étant visité par une sphère dont le corps s’étend sur trois dimensions. Notre carré a beau écouter avec soin les explications de la sphère, il ne comprend pas un traître mot de ce qui lui est dit. Et même quand la démonstration mathématique lui est faite, le carré refuse d’accepter la vérité. Il lui faudra finalement l’expérience pratique pour comprendre : la sphère le faire sortir de Flatland et lui montre Spaceland, une vision du monde à trois dimensions.

mon impression

Vous l’aurez compris, Flatland est une allégorie sur le savoir et notre incapacité à nous projeter hors de nos repères habituels. C’est aussi une allégorie de l’obscurantisme : dans Flatland, les autorités font tout pour empêcher que l’on parle de l’existence d’une troisième dimension ; tous ceux qui y font référence sont traités comme des fous et enfermés. Notre personnage principal finit d’ailleurs par être l’objet d’un procès, digne de celui de Galilée.

Je vous recommande chaudement cette lecture, que je trouve à la fois divertissante et instructrice. Je me souviendrai de ce livre. Toutefois, ayez bien en tête qu’il ne s’agit pas d’un texte très littéraire. C’est avant tout un conte philosophique, sans suspens, qui est là pour nous faire une démonstration. Il n’y a donc pas vraiment d’intrigue et c’est pourquoi je me suis permis ici de vous évoquer la plupart des péripéties de ce récit.

2 commentaires:

  1. Il me tenterait bien celui-là mais je ne suis pas sûre d'avoir le cerveau assez disponible pour faire tout le cheminement mental qui va avec son univers en ce moment. Un jour...

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