Titre : La Société des faux visages
Auteur français : Xavier Mauméjean
Première édition en 2017
Catégorie : roman uchronique
276 pages
Freud et l’illusionniste Houdini se trouvaient tous les deux à New York au même moment, en 1909. Sans doute ne se sont-ils pas rencontrés, mais cela sert de prétexte à Xavier Mauméjean pour imaginer une rencontre entre les deux hommes et en tirer un roman.
Comment faire un roman entier sur une rencontre entre deux hommes aussi différents ? Xavier Mauméjean nous sert pour cela une intrigue policière aux allures de Rouletabille : le fils du milliardaire Vandergraaf a disparu en laissant derrière lui une sorte de conteneur portuaire, impénétrable. Vandergraaf recrute donc Houdini pour ses talents de serrurier (il est réputé être capable de s’échapper de n’importe quelle prison), et Freud pour la dimension psychanalytique de cette disparition. Le conteneur en lui-même est en effet un appel à Freud : il se constitue de trois chambres soudées les unes aux autres, reproduisant parfaitement la structure de l’appareil psychique telle que dessinée par Freud : le conscient, le préconscient et l’inconscient.
Le dispositif étant piégé, Houdini et Freud doivent parvenir à appréhender les profils psychologiques du père et du fils Vandergraaf pour réussir à pénétrer le conteneur sans tout faire exploser.
Ce roman se lit plutôt facilement, dans la mesure où il est court, et que cette rencontre entre Freud et Houdini est plutôt amusante. Cette lecture permet autant de découvrir qui était Houdini, que de se replonger dans les principes les plus simples des théories de Freud. On y découvre aussi le grand scepticisme des New-Yorkais à l’égard des théories de Freud, jugées abracadabrantes. Il est aussi effarant de constater que l’origine juive de Freud contribue à jeter l’opprobre sur ses théories.
Mais au-delà de l’originalité de cette rencontre, mon plaisir n’est pas allé plus loin. On ne comprend pas bien l’apport de Houdini dans cette affaire, et l’enquête se révèle dénuée de suspens et de rebondissements : tout s’enchaîne comme une mécanique trop bien huilée, comme dans un Escape Game trop facile. Si l’enquête avait été secondaire dans l’intrigue, on aurait pu accepter qu’elle se révèle si facile. Mais Xavier Mauméjean la place au coeur de l’intrigue, interdisant donc de la rabaisser à un jeu pour enfant, ce qu’il fait pourtant.
Seule la découverte de Houdini, que je ne connaissais pas, et mon amusement face à cette rencontre, sauvent donc ce roman. J’en retiens aussi une citation de Freud : "parfois, un cigare n'est rien d'autre qu'un cigare”. Une citation magnifique que j’envisage de ressortir à toutes les sauces, à chaque fois qu’une analyse psychologique abusive me sera servie !
Chroniques de ce roman sur d’autres blogs : Quoi de neuf sur ma pile, Charybde, Mots pour mots, L’Atelier de Ramettes, Cannibales Lecteurs,
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