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lundi 8 mai 2017

Vostok..........un roman de Laurent Kloetzer

Titre : Vostok
Auteur français : Laurent Kloetzer
Première édition en 2016
Catégorie : roman de science-fiction
421 pages

Photo du livre

Tout commence avec une histoire de malfrats dans le fond assez banale : Juan, un chef de mafia locale, à Valparaíso, est prêt à tout pour obtenir un code. Un simple code informatique, qui ouvre les portes du pouvoir, puisqu’il permet d’accéder à un réseau de satellites qui contrôle ni plus ni moins les conditions atmosphériques en cette période de déséquilibres climatiques.

Juan et sa bande de durs à cuire vont donc tout donner pour obtenir ce code. Or Juan a acquis une certitude : le code d’accès utilisé n’est autre que le code génétique d’une bactérie, que l’on ne trouve qu’en un seul endroit au monde. Dans un lac prisonnier sous les glaces du pôle sud !

Les voilà donc partis pour la station russe de Vostok, abandonnée depuis des dizaines d’années, où ils espèrent bien réactiver un ancien forage d’accès au lac souterrain. Des durs à cuire, à la gâchette facile, qui ne redoutent rien. Ils ont tort pourtant, car à Vostok, il y a quelque chose de bien plus terrible que les armes à feu : le froid. Les températures oscillent entre - 30 et - 60 °C suivant les saisons.

Dans cette lutte contre le froid polaire, Juan emmène sa jeune soeur Léo, vierge de toute violence. Tous ensemble ils vont batailler pour la survie.

Vostok existe bel et bien, tant sa station que son lac souterrain, prisonnier sous une épaisseur de 3,6 km de glace. Le roman s’inspire donc d’une histoire scientifique et de conditions de vie qui sont réelles. Cela participe énormément au charme de ce roman. On a du mal à croire qu’une vie soit possible dans un pareil endroit. Les personnages doivent tellement enfiler de couches de vêtements pour leurs sorties qu’ils s’apparentent presque à des cosmonautes.

Le risque pour le lecteur avec un tel décor, c’est l’ennui. J’en avais peur : que va-t-il se passer sur 421 pages pour ces personnages reclus sur un tas de glace ? Mes craintes se sont finalement dissipées assez vite : une tension habite chaque page de ce roman, qui nous conduit à tourner les pages avec une grande facilité. On se retrouve dans une sorte de huis clos, dont la réussite tient essentiellement à la psychologie des personnages : de mafiosos insensibles, ils vont progressivement muer, et présenter d’autres facettes de leur personnalité. Comme toujours en cas de conditions extrêmes, certains révèlent des qualités qu’on ne leur devinait pas, tandis que d’autres se recroquevillent et laissent loin derrière eux leur personnalité d’origine.

Seul regret sur le plan des personnages : Léo fait bien plus mature que son âge. Elle est censée avoir autour de 14 ans, mais elle en paraît 20, tant elle est plus solide que les autres sur le plan psychologique. Certes Léo est orpheline, ce qui l’a d’une certaine façon obligée à apprendre beaucoup par elle-même. Mais elle a passé une grande partie de son enfance à traîner dans les rues, et à se lancer des défis avec ses amis. On s’attendrait donc à ce qu’elle soit un peu plus sauvage. Toutefois, si l’on oublie cette incohérence, Léo reste un personnage intéressant et indispensable dans la réussite de ce huis clos. Le lecteur ne la quitte d’ailleurs pas d’une semelle puisque toute la narration se fait à travers elle.

En toile de fond, quelques éléments SF assez ténus. On se situe dans le futur, dans un contexte de déséquilibres climatiques. On comprend que les Etats n’ont plus tellement de pouvoirs, et qu’ils sont effacés derrière les multinationales qui maîtrisent en grande partie le monde, même sur le plan militaire. Mais il s’agit là de détails annexes pour ce roman. Le seul apport véritable de la science-fiction ici, c’est la présence d’Araucan, un “Ghost”. Que sont les Ghosts ? Le lecteur a du mal à le comprendre : Araucan suit Léo quasiment partout, sans être pour autant toujours visible ; certains personnages ne parviennent par ailleurs jamais à le voir, car ils n’ont pas envie de croire aux Ghost, nous explique-t-on ; Araucan a également la capacité de voir des scènes passées et futures ; et notons enfin qu’il a besoin qu’on lui témoigne de l’affection pour ne pas perdre de sa substance et disparaître définitivement. Comme nous n’obtenons jamais d’explication sur leur existence, cela apporte une touche de fantastique. Laurent Kloetzer a toutefois déjà utilisé cet univers dans son roman L’Anamnèse de Lady Star. Peut-être y trouve-t-on des éléments de réponse.

mon impression

Je vous recommande ce roman. Non pas pour son style littéraire, certes fluide et efficace mais sans grande originalité. Pas non plus pour son histoire, qui est avant tout un prétexte pour placer des hommes dans ce lieu si particulier.

Non, je vous le recommande pour la découverte des conditions de vie qui règnent sur Vostok, et sur la manière dont elles influent sur la personnalité des personnages. Laurent Kloetzer a eu à mon avis une riche idée en choisissant de mettre en scène des gangsters, plutôt que des chercheurs. Car à la différence des chercheurs, Juan et sa bande n’ont pas envie d’être ici : ils veulent partir le plus vite possible une fois cette fichue bactérie trouvée. Pour eux, la lutte face à cet univers est tout autant physique que mentale.

Réfugié sous une couverture bien chaude, j’ai donc pris beaucoup de plaisir à me projeter dans ce froid polaire et vous invite à en faire autant.


Roman disponible aux éditions Denoël, dans la collection Lune d’Encre (cliquez ici pour accéder à la présentation de ce roman sur le site de l’éditeur)

3 commentaires:

  1. Ce livre est dans mes envies depuis un moment, ton avis ne fait que conforter sa place ! Merci pour ce retour, efficace !

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    1. De rien ! Et je réalise à l'instant, je ne m'en étais pas rendu compte, que j'avais déjà lu une nouvelle de Kloetzer ("La confirmation"), que j'avais assez peu aimée. Des univers radicalement différents, et je préfère nettement celui-ci. Une chance finalement que j'ai eu cet oubli, j'aurais peut-être écarté Vostok sinon.

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  2. Elle m'avait pas déplue cette confirmation, plutôt énigmatique comme univers mais intéressant !

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