Titre : La Pierre jaune
Auteur français : Geoffrey Le Guilcher
Première édition en 2021
Catégorie : dystopie (proche du post-apo)
336 pages
J'accepte très rarement les services presse. Je me suis cette fois-ci laissé tenter. Merci à Folio SF pour cette lecture.
La Pierre Jaune est un roman de Geoffroy Le Guilcher. Journaliste de profession, Le Guilcher a dans ses débuts travaillé pour Les Inrocks, avant de devenir journaliste indépendant. Très engagé, il écrit pour Le Canard Enchaîné, Mediapart, Streetpress et Les Jours. Jusqu'à La Pierre Jaune, il ne s'était pas aventuré dans la fiction. Il avait publié une biographie/enquête sur Luc Besson, ainsi que Steak Machine, récit de son immersion en tant qu’employé dans un abattoir breton qui abat deux millions d'animaux par an.
La Pierre Jaune est certes une fiction, mais on y reconnaît l'engagement du journaliste. Il aurait pu faire une enquête sur le nucléaire. Mais au lieu de cela, il a écrit un roman qui met en scène une catastrophe nucléaire en France.
La fiction a le pouvoir de nous faire vivre des situations et des émotions. En ce sens, son pouvoir de diffusion et de conversion à de nouvelles idées est sans doute plus fort qu'une enquête de journaliste. Mais les deux sont bien nécessaires.
Le pitch : Jack Banks est un agent secret anglais. Après avoir longtemps été infiltré dans le milieu de la drogue et subi un gros revers, on le fait changer de milieu. Il doit s'infiltrer chez des activistes écologistes qui vivent dans un camping sur la presqu'île du Rhuys dans le sud de la Bretagne, plus précisément dans le lieu-dit La Pierre Jaune.
Mais à peine est-il arrivé sur place qu'un attentat se produit sur le site nucléaire de La Hague en Normandie : deux avions s'y écrasent, générant une explosion sans précédent, évaluée à 6,7 fois Tchernobyl. Des régions entières de l'Angleterre et de la France doivent être évacuées.
La presqu'île du Rhuys est dans le périmètre à évacuer, mais les activistes décident de rester. Ils s'organisent alors pour vivre une nouvelle vie, loin de l'État qu'ils exècrent tant.
Jack aimerait fuir. Mais son chef lui dit de rester, de maintenir sa couverture.
On sent que tout le roman a été écrit pour la première partie. L'effet de choc est réel. On se dit qu'on pourrait vraiment vivre un tel cauchemar avec des sites nucléaires aussi fragiles. Le Guilcher nous indique d'ailleurs avoir retenu le chiffre de 6,7 fois Tchernobyl, mais il nous apprend qu'un rapport (contesté) avait évalué le chiffre à 66,7 fois Tchernobyl.
Passé le choc de la catastrophe, le lecteur assidu de SF est peu étonné : comme dans tout post-apo, les personnages commencent par piller les commerces puis les maisons. Ils se querellent et s'organisent. Ils s'aiment et se détestent. Rien de très étonnant ici.
Ce roman constitue néanmoins une bonne lecture. En plus de réussir son rôle journalistique, on s'attache au personnage principal. Il n'avait déjà pas une vie facile. En plus doit-il désormais cohabiter avec des gens dont il ne partage pas les idées et prendre le risque de mourir irradié.
Dommage que Le Guilcher n'ait pas approfondi une thématique pourtant présente dans le début du roman : finit-on par se convertir aux idées des militants qu'on infiltre ? Ou arrive-t-on au contraire à s'en détacher ? Très vite le personnage de Jack noue des liens affectifs avec les militants, mais sur le plan des idées, Jack semble rester insensible. Au moins aurait-il pu se poser quelques questions... D'autant que La Pierre jaune héberge des militants impliqués à différents degrés, certains ayant par exemple fait acte de terrorisme par le passé.
Une lecture rapide et agréable, mais pas incontournable. Il s'agit toutefois d'un premier roman. Je serai attentif aux prochains de l'auteur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire